CTSAV : la ferme éolienne opérationnelle en 2010
Article du Mauricien du 19 juillet 2008
Les bases en vue de la construction d'une ferme éolienne par la Centrale thermique de Savannah (CTSAV), du groupe MTMD, ont été jetées en marge du Salon des énergies renouvelables à Paris, le mois dernier, ont annoncé au Mauricien l'environmental manager de SUDS et de CTSAV, Rajiv Ramlugon et Pierre Sagnier, directeur des travaux neufs de SUDS.
" Nous envisageons la construction d'une ferme éolienne d'une capacité de 20 à 30 MW/h, moyennant la production d'un mégawatt/heure par aérogénérateur ", expliquent les deux experts.
Le démarrage d'un tel projet doit obligatoirement être précédé par un minimum d'une année d'étude afin d'évaluer les gisements éoliens. " L'argumentation économique justifiant le projet repose sur ce gisement ", font-ils ressortir en précisant qu'un bureau d'étude a déjà été recruté pour cet exercice.
Les aérogénérateurs devraient être installés sur des sites déjà identifiés dans la région sud, qui est exposée aux vents généraux.
Profitant de leurs séjours en Europe le mois dernier, les dirigeants de MTMD et de CTSAV ont eu l'occasion de voir les différents modèles d'aérogénérateurs et d'identifier celui qui serait le mieux adapté au climat tropical d'un pays comme Maurice, caractérisé par le passage régulier de cyclones. Ils ont arrêté leur choix sur le fabricant français Vergnet. Unique fabricant français d'éoliennes, Vergnet a inauguré le 24 février dernier la première centrale éolienne à technologie anticyclonique sur l'île cubaine de la Jeunesse, l'une des régions des Caraïbes les plus éprouvées par les cyclones. La centrale est dotée de la technologique anticyclonique innovante de Vergnet. Cette technologie, qui permet de rabattre l'éolienne bipale jusqu'au sol en moins d'une heure, est parfaitement adaptée aux conditions climatiques extrêmes.
MM. Ramlugon et Sagnier estiment que la réalisation d'un tel projet, en plus de la production d'énergies propres par le pays, pourrait, sur la base du fonctionnement des aérogénérateurs en continu pendant 2 500 heures, permettre une économie de l'ordre de 150 000 tonnes de dioxyde de carbone, un des principaux gaz responsables de l'effet de serre et du réchauffement de la planète.
Les fermes éoliennes font aujourd'hui partie du paysage de plusieurs pays européens dont la France, l'Allemagne et l'Italie, entre autres. Le coût de production est comparable au thermique classique, constatent les deux experts.
Par ailleurs, le dossier CTSAV, qui devrait devenir le premier projet mauricien à bénéficier des Carbon Credits dans le cadre du Mécanisme de Développement Propre (MDP), régi par le Protocole de Kyoto, est en phase de validation.
Technologies avancées
MTMD estime à 200 000 tonnes l'économie de dioxyde de carbone produite par CTSAV. Le processus de cogénération utilise de la bagasse pour produire de la vapeur à haute pression, pour la production de quelque 9,5 MW d'électricité pour l'usine sucrière de Savannah. Quelque 65,5 MW sont vendus au CEB sur la base d'un PPA. La bagasse ne pouvant être stockée, le charbon est utilisée pour la production de 74 MW d'électricité pendant l'entrecoupe.
Interrogés sur la méthode utilisée pour calculer l'économie en dioxyde de carbone, Rajiv Ramlugon et Pierre Sagnier expliquent qu'il suffit de calculer la quantité d'huile lourde qui aurait été nécessaire pour la production de 65,5 MW d'électricité pendant la période de récolte sucrière. L'huile lourde étant fortement émettrice de dioxyde de carbone et la bagasse étant considérée comme neutre, on estime que l'utilisation de la bagasse permet d'économiser l'équivalent du dioxyde de carbone qui aurait été produit par l'huile lourde.
Le Mécanisme de Développement Propre (MDP) fonctionne de la manière suivante : les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches - et obtiennent des crédits compensant leurs émissions. Les pays récipiendaires bénéficient d'injections "gratuites" de technologies avancées qui permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l'électricité d'opérer de manière plus efficiente - et de ce fait à bas coût, ce qui permet des profits élevés. Une tonne de carbone est estimée actuellement à quelque 10 euros.
CTSAV a commencé à compiler son dossier il y a deux ans. Il a fallu pour cela l'aval du gouvernement, qui a été suivi de la préparation d'un Project Identification Note (PIN) définissant les grandes lignes du projet pour être soumis aux MDP avant que le dossier ne soit validé. Toutes les recettes éventuelles découlant du crédit carbone seront versées au CEB.
Soulignons qu'outre CTSAV, plusieurs projets sont lancés ces jours-ci par le gouvernement dans le cadre du projet Maurice Île Durable. Ainsi, la création d'une ferme éolienne est prévue à Bigarra avec l'aide financière de la France, deux projet de production hydroélectrique sont à l'étude, l'introduction de l'heure d'été est envisagée à partir de la fin d'octobre. Finalement, le CEB lancera à partir du 1er août une campagne visant à encourager l'utilisation par les familles mauriciennes d'ampoules à basse consommation énergétique.
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