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La croissance urbaine dans les îles du sud-ouest de l’océan Indien
Joël NINON, flsh, Université de La Réunion
(extrait sur île Maurice)
L’Île Maurice La situation à l’Île Maurice diffère quelque peu des deux précédentes. L’urbanisation a connu un véritable essor après l’indépendance en 1968. Très rapidement, sous l’impulsion de la capitale Port-Louis où sont initiées les stratégies de développement du pays, les agglomérations des Plaines Whillems connaissent des bouleversements importants. La rapide et exceptionnelle urbanisation se concrétise aujourd’hui par la constitution d’une conurbation regroupant 358 183 habitants en 2000 (258 700 en 1972) dans les villes de Rose-Hill, Beau-Bassin, Vacoas, Phoenix, Quatre-Bornes et Curepipe. Avec Port-Louis, l’ensemble réunit 42 % de la population nationale. Ces villes initialement petites et isolées, ont maintenant leur propre dynamique qui s’exprime spatialement par densification mais aussi par extension le long des axes de communication, puis par comblement des îlots déterminés par ces mêmes axes. Ainsi, de 1993 à 2010, l’urbanisation des plaines Whillems consommera 1 190 ha dont 555 par densification et 635 par extension. Ce processus est aussi valable pour les autres agglomérations urbaines. L’étalement s’était aussi matérialisé par le développement de bidonvilles dans les quartiers périphériques de la capitale : Tranquebar, Vallée Pitot, Roche-Bois, Petite-Terre. Dans ces espaces très denses, l’habitat précaire À progressivement été remplacé par des logements individuels en dur. Des constructions individuelles sur deux, voire trois niveaux apparaissent de plus en plus ou doivent être édifiés comme le témoignent les ossatures en attente. L’habitat précaire n’a pas complètement disparu, il s’implante encore, certes dans des proportions nettement moindres, dans des « camps » sur les marges. C’est le cas dans le Camp Mana, dans le prolongement de Tranquebar. Les occupants sont des mauriciens ou des rodriguais en grande difficulté économique et sociale. Des poches de d’habitat insalubre existent aussi dans les autres agglomérations.
L’étalement est aussi nettement visible sur les littoraux pendant longtemps réservés au tourisme et à la villégiature. En effet, à côté des hôtels, les résidences principales sont de plus nombreuses et les services liés au tourisme ou non, prolifèrent le long et en arrière des côtes du nord et de l’ouest. Un continum urbain est en cours de formation grâce au rapide comblement des espaces intersticiels canniers.
Le littoral saturé et le lagon subissent des dégradations aux conséquences irréversibles. À Grand-Baie, haut lieu du tourisme à l’Île Maurice, l’urbanisation nécessitera 33 ha par densification et 117 ha par extension entre 1993 et 2010. Actuellement, l’urbanisation se poursuit, l’île Maurice doit aussi résoudre des problèmes de foncier pour le logement, les activités économiques et le fonctionnement du pays. Ce ne sont pas moins de 500 ha en moyenne qui sont nécessaires chaque année et, comme pour La Réunion, les espaces agricoles subissent les contrecoups de la croissance urbaine. C’est le cas avec la réalisation du technopôle « Cybercity » à Ebène, à proximité de Rose-Hill. De façon générale, la croissance des agglomérations mauriciennes conjugue inégalement densification et étalement. Les centres les plus importants tendent à verticaliser, et les extensions essentiellement résidentielles s’élargissent toujours. À Port-Louis, même si des tours toujours plus hautes et plus nombreuses dominent de plus en plus dans l’hypercentre, l’urbanisation se poursuit par étalement. Ainsi, en 17 années, elle concernera 303 ha dont 85 seulement par densification. Au total, pour l’ensemble du pays et pour la même période, 4898 ha seront urbanisés, dont 3323 par extension.
Concernant l’île Maurice, la notion de la valeur ajoutée transcende toute priorité, elle suffit pour justifier un étalement ponctuel, l’intérêt économique prime.
l’île Maurice la poursuite incontrôlée d’une croissance par extensions spatiales est préjudiciable à l’avenir.
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