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Développement durable guadeloupe : avec Tenesol, les chefs d'entreprise se penchent sur la gestion des déchets
Si dans le domaine politique la gestion des déchets évolue peu, les entrepreneurs de l'Union des Entreprises se penchent sérieusement sur la question. Le 4 avril, dans le cadre de la Semaine du Développement Durable, ils étaient ainsi conviés à une visite de terrain par l'ADEME et l'UDE. Au programme, découverte du tri sélectif chez Tenesol et immersion dans l'usine Ecodec.
Les entreprises responsables
“Chaque entreprise est responsable de l'élimination de ses déchets. Elle doit s'assurer que leur élimination est conforme à la réglementation.”(Article L 541-2 du Code de l'environnement).
Si la loi existe, rares sont les entreprises guadeloupéennes à l'appliquer.Plus facile en effet de jeter les déchets dans la mangrove, au bord des routes ou, dans le moins pire des cas, de tout apporter à la décharge de la Gabarre pour la modique somme de 47 euros la tonne.
Pourtant, après des années de laxisme, les sanctions commencent à tomber. La DRIRE, le gendarme du secteur, a en effet rappelé à l'ordre certaines entreprises et, pour d'autres, les a poursuivies au tribunal.Or, en matière de gestion des déchets, c'est de procédure pénale dont il s'agit et donc de possibles peines de prison.
Et si gérer ses déchets est une obligation légale, cela relève aussi d'un engagement responsable des entreprises. Car on ne peut fabriquer ou vendre des produits - a fortiori s'ils sont nuisibles pour l'environnement- sans se soucier de leur devenir. Notre île est devenue une vaste poubelle et les déchets produits menacent directement notre santé. Les décharges débordent, les produits toxiques ruissellent dans les eaux de mer ou de rivière, les poissons et légumes que nous consommons accumulent les substances chimiques ... Et tout cela se retrouve dans notre sang.
Or, en triant et valorisant les déchets, les entreprises de l'île peuvent inverser la donne, bénéficier d'une meilleure image, voire dans certains cas, rentabiliser rapidement leurs investissements.
L'exemple de Tenesol
Entreprise investie dans les énergies renouvelables (chauffe-eau solaires et photovoltaïque), Tenesol s'est aussi bâti une image d'entreprise citoyenne. En interne, elle a donc décidé de trier et valoriser tous ses déchets dans le cadre d'a projet d'entreprise ambitieux. Ici, rien ne se perd, tout se transforme !
Les cartouches d'encre sont recyclées, le papier et le carton aussi.Ce dernier poste représente par exemple 1640 kg de déchets à l'année confiés à Ecodec.Le polystyrène, quant à lui, à hauteur de 345 kg par an, suit la filière mise en place localement par Caraïbes Industrie. Les batteries, au coeur même de l'activité de l'entreprise, sont prises en charge en fin de vie par la société TDA qui s'occupe de leur recyclage. Si toutes ces procédures ont pu être mises en place c'est parce qu'il existait une réelle volonté de la part de la direction qui n'a pas hésité à s'investir pour mobiliser ses troupes.“Afin de faciliter la vie de chacun, nous avons installé aux quatre coins de l'entreprise des bacs de tri colorés et explicatifs. Chacun porte une étiquette avec une photo de ce que l'on peut ou ne peut pas y jeter, indique Alain Vialcollet, directeur de Tenesol. Dans la cuisine où l'on jette des déchets alimentaires, des plastiques ou des canettes, en passant par les bureaux (papiers, cartons, piles, cartouches d'encre) ou le dépôt, le tri est simplifié au maximum. “Quand on entre dans une telle démarche, on modifie forcément bien des habitudes dans une entreprise. Par exemple, comme les gobelets en plastique ne sont pas recyclables, nous n'achetons plus que des gobelets en polystyrène qui, eux, sont valorisables. Et bien sûr, nous cherchons toujours à réduire la quantité de nos déchets à la source” se félicite Alain Vialcollet.
Côté coût, où en est l'entreprise ? “Au départ, nous ne savions pas vraiment quelle serait la note finale. Aujourd'hui, le bilan est très positif à tout point de vue”.En effet, en interne, tout le monde a répondu présent et joue le jeu au quotidien. Côté budget, les investissements ont essentiellement porté sur l'acquisition de bacs de tri. Si la récupération des batteries est chiffrée à 80 euros la tonne, certaines prestations comme la récupération des cartouches, des piles ou du polystyrène sont gratuites. Enfin, le recyclage de l'aluminium est rentable puisque sa valeur de rachat sur le marché est de 150 euros la tonne.
Impliquée dans une démarche novatrice, Tenesol méritait bien une petite visite des chefs d'entreprise de la place.Souhaitons que cet engagement citoyen fasse rapidement des petits pour que tout le monde s'y mette enfin !
ECODEC : L'usine est prête, elle n'attend que vous !
Ouverte en 2004, l'usine de tri et de recyclage de la Guadeloupe est un outil indispensable, moderne et performant.Pourtant, il ne fonctionne pas. Jacques Chouraki, son président, s'en est expliqué lors de la visite organisée par l'UDE et la Ademe pour les chefs d'entreprise de l'île. “Eliminer les déchets ménagers et d'entreprise doit se faire selon des règles légales très strictes que personne ne respecte en Guadeloupe. Les communes font preuve d'un immobilisme dramatique qui nuit à tout le monde. Les entreprises font peu d'effort. Or, à la Martinique ou à la Réunion, tout le monde a réussi à s'entendre pour mettre en place le tri sélectif et la valorisation des déchets.Il n'y a que nous qui faisons du surplace depuis des années !”. Serions-nous sous-développés à ce point sur l'île aux belles décharges ? Pourtant, nous avons tout pour agir. Une usine prête à recycler nos plastiques, nos cartons, nos pneus ... Des filières de recyclage locales ou nationales. Aujourd'hui, tout déchet peut être valorisé et il faut cesser de dire que c'est difficile de s'y mettre.Les filières sont opérationnelles, les différents opérateurs compétents et les entreprises engagées dans la démarche peuvent même bénéficier d'aides techniques et financières.
“ L'Ademe aide à la mise en place technique du projet de gestion des déchets en entreprise, indique Jérome Dancoisne, chargé de mission à l'Ademe.Mais elle finance également à hauteur de 50% le coût des études qui doivent être réalisées en interne pour mieux connaître les déchets produits”. Alors, pourquoi personne ne s'implique dans la gestion des déchets sur notre île ? Parce qu'une tonne de déchets valorisables apportée à Ecodec coûtera 75 euros à l'entreprise contre 47 euros pour une tonne mise en décharge. C'est plus cher certes, mais en milieu insulaire plus qu'ailleurs, la gestion des déchets est primordiale pour la qualité de vie. De surcroît, il faut garder en tête qu'en métropole, le coût est bien supérieur : il faut compter entre 100 et 180 euros la tonne.
A savoir :
La Guadeloupe produit chaque année 400 000 à 450 000 tonnes de déchets dont la moitié environ provient des entreprises.
Article de Mariane Aimar du site Terredavenir.org le site de l'environnement en Guadeloupe
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